Opensource, Opendata, Open Innovation, Open Content, Open Law… tout semble « OPEN » !
Depuis quelques mois, je consulte au fil de ma veille quotidienne de nombreux articles et messages sur les réseaux sociaux qui ont vocation à informer et sensibiliser sur l’ouverture des données, l’ouverture des contenus, l’utilisation des licences libres, …
Pour résumer l’ensemble de ces écrits :
« Nous sommes dans une période de transformation numérique, culturelle et sociale avec une évolution importante des modèles de création, de diffusion et de monétisation basés sur un nouveau écosystème libre et participatif… »
Malgré ce changement dans les mentalités, il est encore difficile pour de nombreux décideurs (#dinosaures) à la tête d’institutions et d’entreprises (publiques/privées) de s’ouvrir à ces nouveaux modèles et d’assimiler tous ces changements.
Les principes d’un « monde libre » les attirent mais les effraient également avec un mode d’acceptation contradictoire basé sur la célèbre expression : avancer de 3 pas pour reculer de deux !
Problème de temporalité ou paresse ?
Il est indispensable dans cette période d’ « Open conquête » de prendre le temps nécessaire pour accompagner nos partenaires, nos clients, nos confrères récalcitrants et tous ceux qui sont encore dans le flou pour les aider à sortir complètement d’un véritable état d’illectronisme (#virus).
Vous cherchez à écrire, échanger et communiquer avec un message clair et rassurant sur l’ouverture des données, des contenus, … ? Il est dans ce cas important d’éviter de mélanger de manière hasardeuse chaque concept de ce nouveau Eldorado numérique.
Il est louable de chercher à vulgariser nos discours pour toucher un maximum de monde le plus rapidement possible. Mais attention à ne pas trop simplifier les choses, il faut trouver le juste équilibre !
Les symptômes ?
Aujourd’hui, je vais me pencher tout particulièrement sur le cas de l’expression « OpenData » qui s’utilise pratiquement à toutes les sauces et se transforme en une sorte de « raccourci passe-partout » pour introduire malgré elle d’autres concepts qui ont pourtant tout intérêt à ne pas être placé dans le même panier.
Je pense tout particulièrement à la notion d’Open Content qui se retrouve très souvent oublié et mal mené dans cet élan de simplification compulsive.
Voici une petit cas pratique pour illustrer mon idée, avec un article lu sur le site de Libération (2014).
Référence : http://www.liberation.fr/politiques/2014/11/12/l-assemblee-nationale-se-met-a-l-open-data_1141635
Le titre de l’article :
l’Assemblé nationale se met à l’open data
… quelques lignes plus loin :
Claude Bartolone a décidé de mettre à disposition du public, sur Internet, plus de 800 000 documents exploitables et réutilisables sans restriction.
En lisant cet article, de nombreuses questions ressortent immédiatement pour un lecteur averti :
- Quel type de documents l?
- Les documents contiennent des données ?
- Les données ouvertes servent juste à définir le contenu des documents ?
- Quelles sont les licences prévues ?
À aucun moment en lisant cet article, l’auteur ne défini clairement la nature des « documents » et crée ainsi un énorme flou sur la nature exacte de l’action réalisée par l’Assemblée Nationale. Au final, le mystère reste entier : l’auteur cherche t’il à nous parler d’Open Data, d’Open Content ou les deux ?
Une solution au problème
Je vous propose de remettre à plat les définitions de ces deux principes importants.
Open Data (ou donnée ouverte)
L’Open Data est une donnée numérique d’origine publique ou privée produite par une collectivité, un service public, une entreprise ou même des particuliers et diffusée de manière structurée en respectant une licence garantissant son libre accès et sa réutilisation par tous, sans restriction technique, juridique ou financière.
La grosse valeur ajoutée des données ouvertes c’est leur réutilisation par tous, avec la possibilité de créer des applications, des sites internet, des dispositifs innovants centrés sur les besoins des usagers (grand public ou professionnels).
En nous intéressant à l’Open Data de plus près, nous pouvons rapidement introduire d’autres concepts avec le Big Data, le Smart Data, la sémantique, les bases de données, l’intéropérabilité, les algorithmes, la DataViz, la sécurité, le crowdsourcing, etc.
J’essaierai dans de prochains articles de décrypter toutes ces grandes notions.
Dans le meilleur des mondes, pour se lancer dans la diffusion de données ouvertes il faut s’attarder sur les 8 principes suivants :
1. Complètes : tout jeu de données doit comporter toutes les données disponibles si elles respectent un principe non soumis à des limitations en terme de vie privée, de sécurité ou de privilèges d’accès.
2. Primaires : les données sont brutes, prises à la source, détaillées et sans traitement ni modification.
3. Opportunes : Les données sont mises à disposition le plus rapidement possible pour préserver leur valeur dans le temps.
4. Accessibles : Les données sont mises à disposition du plus grand nombre d’utilisateurs.
5. Exploitables : Les données sont structurées et permettent un traitement automatisé.
6. Non discriminatoire : Les données sont disponibles simplement sans obligation d’inscription.
7. Non propriétaires : Les données sont disponibles dans un format ouvert et standard avec aucun contrôle exclusif.
8. Libre de droits : Les données ne sont pas soumises à des droits d’auteur, brevets, marques ou des réglementations cachées. Il n’est pas possible de restreindre l’utilisation des données.
Ces 8 principes sont définis par l’Open Government Data Group.
Open Content (ou contenu libre)
L’open content est un ensemble de travaux et de contenus créatifs que les chacun peut copier et diffuser, avec ou sans modification, commercialement ou non.
Que cela soit des photos, des vidéos, des documents textes, etc. il suffit que leurs auteurs décident d’attribuer sur ces contenus une licence ouverte appropriée et de diffuser au plus grand nombre sa création sur internet (par exemple avec une licences Creative Commons).
Attention, un contenu sous licence libre ne signifie pas que l’oeuvre soit libre de droit en terme de droit d’auteur. L’auteur conserve si il le souhaite des attributs de droit d’auteur. En France, le droit à la paternité de l’œuvre est « perpétuel, inaliénable et imprescriptible ». L’auteur peut exiger dans les conditions d’utilisation de son oeuvre que son nom soit cité. L’auteur peut également avoir son mot à dire, si l’usage de son oeuvre par un tiers peut lui porter atteinte moralement, par exemple en le ridiculisant.
À noter, qu’un contenu Libre n’est pas non plus synonyme de gratuit.
Il existe de nombreuses licences libres et ouvertes. La plus connue est la licence Creative Commons qui propose de manière universelle 6 modèles de licences simples à utilisé pour se lancer dans l’aventure de l’Open Content.
De nombreuses plateformes utilisent ces licences pour cadrer leur stratégie d’ouverture, on peut citer par exemple l’encyclopédie en ligne Wikipedia qui utilise pour l’ensemble de ces documents une licence Creative Commons paternité partage à l’identique.
Les règles pour définir un contenu libre et ouvert peut se résumer avec les conditions suivantes :
1. Conserver : le droit de télécharger, reproduire, stocker et gérer les différents fichiers d’un même document
2. Réutiliser : le droit d’utiliser le contenu comme nous le souhaitons et de la manière libre. Exemple, dans une école, sur un site Web, dans une vidéo, etc.
3. Réviser : le droit d’adapter, d’ajuster, de modifier ou d’altérer le contenu lui-même. Ex: traduire le contenu, etc.
4. Remixer : le droit de combiner le contenu original ou modifié avec d’autres contenus pour créer quelque chose de nouveau.
5. Redistribuer : le droit de partager des copies du contenu original ou mu vos remixes avec les autres (par exemple, donnent une copie du contenu à un ami)
De la même manière que pour l’Open Data, l’Open Content possède ses propres domaines de réflexion avec par exemple leur mode de diffusion, leur organisation, leur archivage, leur stockage (Cloud, backup, etc.), les droits d’auteurs associés et à leur aspect juridique, leur numérisation, les formats de fichiers, etc.
Il existe de nombreux points de contacts entre l’Open Content et l’Open Data qui sont intimement liés.
Pour chacun de ces 2 concepts nous pouvons détailler leurs valeurs et spécificités en nous basant sur les grandes thématiques du numérique d’aujourd’hui : la technologie, les usages, l’innovation, le juridique, la monétisation, etc.
Il reste maintenant à faire l’effort dans notre discours scientifique de dissocier naturellement ces 2 concepts pour que chacun puisse comprendre l’importance d’un monde numérique avec d’un côté les données et de l’autre les contenus.
#Open #Rules !
Nous sommes de plus en plus sollicités par nos clients pour les aider à prendre les bonnes décisions dans cadre de leur stratégie numérique et tout particulièrement sur les questions des données ouvertes (API, moissonnage, standardisation, web des données) et de la création, de la diffusion ou de la réutilisation de contenus sous licences libres (photos, films, etc.).
Pour répondre à leurs attentes, il faut que nous redoubler de clarté et utiliser de préférence un discours simple, précis et rassurant pour que chaque nouveau concept puisse s’intégrer totalement au coeur de leurs réflexions et ouvrir à court terme leurs champs des possibles.
Un peu de lecture !
Pour finir et pour les retardataires sur cette question, allons un peu plus loin avec un peu de lecture :
- Document, donnée, information, connaissance, savoir (définitions)
- Vademecum sur l’ouverture et le partage des données publiques.
- Guide Data Culture par Camille Domange.
- Open data: quels enjeux et opportunités pour l’entreprise ?
- Blog de la mission Etalab
- Pourquoi l’expression « logiciel libre » est meilleure qu’« open source »
- Domaine Public